Les émotions : humaines ou animales ?
C’est une question que je me pose depuis des années, et même des décennies !
Les émotions que ressentent les humains sont-elles des vestiges de l’animalité vouée à disparaître ? Sont-elle une composante inhérente à notre humanité ? Un humain sans émotions est-il toujours un humain ? Après les émotions y a-t-il autre chose ?
Ces questions me sont apparues cruciales il y a une vingtaine d’années alors que des choix de vie m’étaient demandés. Il me semblait que l’évolution spirituelle, la fraternité, exigeaient de « dépasser » les émotions et je ne savais pas si j’étais prête à cette « transformation ». Comme si j’allais perdre mon humanité. Après de nombreuses réticences j’ai accepté le « chemin » et il me paraît utile de le partager aujourd’hui. Certes toute expérience est subjective, issue de notre histoire personnelle, de l’enseignement que nous sommes venus accomplir ici. Mais quoiqu’il en soit, je ne suis pas unique à suivre ce chemin, aussi, même si tout le monde n’y trouve pas sa réponse, certaines, certains, se reconnaitrons sans doute.
J’ai compris sur ce chemin qu’il y a des hiérarchies dans les émotions et que plus on « s’éveille » moins on est émotionnel. Les émotions prennent une autre dimension, moins physiologique, plus désincarnée et pourtant beaucoup plus puissante et persistante. En effet, nous connaissons tous ces émotions qui paralysent, qui font faire des prouesses, qui détruisent, qui font réaliser des chefs d’œuvre. Mais cela implique de transcender les émotions. Car dans sa manifestation primale, l’émotion est un dictateur qui inhibe la raison et pousse à se comporter « comme un animal ». Elle est la conséquence de modifications hormonales qui affectent notre jugement. Si parfois le géni créateur est issu d’émotions puissantes, elles ont été maitrisées, sublimées. Le peintre transcende ses doutes et ses douleurs dans la réalisation picturale, de même que le compositeur. Dès lors que l’émotion est transcendée, c’est à dire portée vers d’autres dimensions, elle devient créative. Mais combien d’humains sont capables de cette transformation ? Dans son quotidien et sa banalité l’émotion est une énergie qui porte à l’action : l’amour porte vers l’autre, la haine porte à la colère et à la destruction, la peur tétanise ou bien révèle le hero caché, la colère porte à l’action, bonne ou mauvaise. Et quoiqu’il en soit les émotions sont un moteur. Qu’advient-il s’il n’y a plus d’émotions ? En psychanalyse on parlera de psychopathe, d’une personne qui ne ressent rien, qui est déconnectée de son lien aux émotions et donc aux autres. Mais se peut-il que les émotions se transforment en « autre chose » sans être une déviance mentale ?
Au-delà de l’amour émotion, il y a la fraternité. On ne peut plus vraiment parler de sentiment, c’est autre chose, une forme de respect, de lien, de reconnaissance, d’appartenance. Au-delà de la colère il y a la compassion, la compréhension, le pardon, le non jugement. Au-delà de la jalousie il y a la fraternité, encore. Au-delà de la colère il y a la raison, le jugement, la balance.
Et tout naturellement on en arrive aux sephirots de la kabbale et l’on comprend qu’évidemment, pour devenir un humain accompli, il faut dépasser les émotions. Il ne faut pas craindre de perdre ni sa créativité, ni son géni, ni son énergie ! Il est bien normal d’être attaché à ces sentiments qui nous semblent si puissants. Mais après, au-delà, c’est comme une mue, comme le papillon qui sort de sa chrysalide. Ce que l’on expérimente est encore plus puissant, encore plus collectif, encore plus vaste, bien plus créatif. Je sais, pour l’avoir vécu, qu’on ne lâche pas si facilement ses émotions « animales », mais si vous êtes appelé sur une autre voie, sachez le, vous ne perdrez rien, au contraire. La paix intérieure vous habitera et permettra une vision bien plus perçante des choses et des individus, une autre forme de réalité se montrera à vous, comme le ciel bleu intense au-dessus des nuages… Mais ce chemin là, le vôtre, je vous laisse le découvrir.